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  • Lucile

Introduction - Le rapport entre le rap et la psychologie

Dernière mise à jour : 24 mars 2023


L’objectif de ce blog est, entre autres, de mélanger deux « passions » qui pourraient sembler incompatibles : le rap et la psychologie.

Incompatibles car les rappeurs ne semblent pas toujours porter les psychologues dans leur cœur.

C’est à la fois une tentative de réconciliation de deux milieux qui pourraient, à tort, être opposés. Mais c’est aussi une déclaration d’amour à cet art qui me sert à tous les niveaux dans ma vie, mais qui, surtout, est celui qui m’a donné le goût et l’envie d’écrire.


Revenons à cette introduction. En vrai j’exagère un peu à dire que les rappeurs n’aiment pas les psy. A vrai dire il y en a peu qui évoquent le sujet de la thérapie. Mais quand ils le font, c’est pas toujours très flatteur quoi. Commençons en douceur avec ceux qui assument consulter :


« Tu veux un feat ? Je peux pas j’ai psy » Nekfeu

« Aujourd’hui je me Jack Danise encore et la psy m’analyse » Gringe


Nekfeu ne s’est pas vraiment plus étendu sur le sujet. Il confie juste dans « Alunissons » une pensée, inspirée d’une de ses séances :


Parfois je me demande si j’existe vraiment

De ma vie, je ne suis qu’un spectateur

Alors je me fais du mal, mais discrètement

Le psy m’a dit : c’est qu’un aspect de ta peur


Gringe semble plutôt partir sur un constat d’échec :


Trois piges de psychanalyse pour que la psy m’annonce que je suis bien trop dépressif


Ce dernier extrait est intéressant car on peut le rattacher à une forme d’égotrip[1]. En effet, certains artistes installés sur le créneau des « dépressifs », des « torturés » peuvent ici tenter de se démarquer en indiquant que même les professionnels de santé, même les psychologues se retrouvent démunis face à eux.


Gringe n’est pas le seul à faire ce parallèle. Ninho disait « Mais si je lui raconte nos vies, je crois que je vais rendre fou le psy ». Mais on peut également citer Ademo (PNL) :


Elle a voulu que je lui parle, elle a fini par pleurer la psy

Pourtant y'a rien de tragique, hein c'est la vie, hein moi-même j'assume


Ces artistes pointent du doigt avec ironie l'incapacité et/ou l'incompétence des psychologues. Du fait que quand ils se tournent vers des professionnels de prise en charge de la souffrance, ces derniers ne peuvent pas les aider car leur souffrance est bien trop importante ou bien car les différences de parcours de vie empêchent la compréhension et la mise en place d'un suivi et d'un accompagnement adéquat.


On a également les rappeurs qui tracent délibérément une frontière entre nos deux milieux comme Dinos


J’peux pas aller chez le psy parce que je suis un mec de tess

J’ai plein de principes stupides que je dois respecter

Quand on me demande : pourquoi ? J’réponds : parce que c’est comme ça au quartier


Là on le bât blesse, c’est quand certains, ont tenté de consulter et n’en ressortent ni guéris ni apaisés, au contraire, ils sont en colère et ce pour plusieurs raisons.

Ademo qui disait avoir fait pleurer sa psy, écrira plus tard une ligne qui traduit tout son agacement devant l’émotivité de celle qui était sensée l’aider. Dans « Luz de luna » il répond à une personne imaginaire qui dit que sa vie est trop triste : « Hé me fais pas comme la psy ! »

Il ne veut pas être pris en pitié.


Diam’s a été bien plus virulente devant l’échec de sa prise en charge quand elle a été dépressive et suicidaire :


Artiste malgré moi parce que les psy ont failli à leur titre


Et qui écrit un couplet entier sur « Si c’était le dernier » pour régler ses comptes, extrait :


Ces charlatans de psy ont bien vu briller mes euros

Tous des menteurs, tous des trafiquants d’espoir


Alors c’est parti pour la réconciliation. Car si les sociologues parlaient d’IAM comme de véritables sociologues contemporains. Pour ce qui est de la psychologie, les rappeurs se dévoilent avec une véritable sincérité qui nous montre l’exemple et peut parfois permettre d’introduire le travail à notre place. Ainsi, c’est en ressentant que certaines paroles nous touchent que l’on peut deviner une problématique à travailler. De plus, si la philosophie s’est depuis longtemps emparée en masse de l’analyse des textes de rap (il n’y a qu’à taper « rap vu par la philosophie » sur youtube pour s’en rendre compte) les psychologues ont délaissé le sujet.

Et pour ce qui est de la réconciliation dans « l’autre sens », à savoir comment convaincre de venir consulter ou comment accompagner de manière satisfaisante… et bien ça sera peut-être le sujet d’un article car c'est un problème dont il est important de se saisir pour nous psychologues.

[1] Dans le rap un texte « egotrip » a vocation à flatter l’ego de l’interprète. Permettant à l’artiste de se mettre en avant, de se démarquer des autres. Et les stratégies pour se démarquer sont très variées.

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